Elle venait d’arriver à la cour. Cela faisait deux jours que sa sœur lui avait laissé le commandement de Nithaiah.
Un peu inquiète la jeune femme ne savait pas comment elle allait être reçue par ces nobles qui débattaient de tout et de rien sur les estrades montées pour eux. Après tout, personne ne la connaissait ici, et elle priait presque pour passer inaperçue. Malgré sa timidité, son regard printemps piqueté d'émeraude était fier, regardant sans ciller les différents seigneurs qui déjà la jugeaient physiquement. Vêtue tel un homme, d’une longue tunique noire rayée de vert et d’un pantalon assorti, elle marchait prestement, ses longs cheveux châtains aux reflets noirs se baladant détachés sur ses épaules, Ethanielle se demandait où elle devait aller et qui trouver.
Les estrades étaient nombreuses, et beaucoup étaient vides, pourtant la jeune femme se refusa à monter sur l’une d’elle pour saluer le peuple et les gens de haut rang. Personne n’avait l’air de faire cela ici… Cela était à vrai dire bien indécent, et en ces temps de guerre, bien futile.
La guerre… Ethanielle ne supportait pas même ce mot. Comment les gens pouvaient ils penser à lever leurs armes contre leurs frères ? Pourquoi n’utilisaient ils pas les mots à la place ? Au moins ils ne feraient pas couler de sang, ne tueraient pas ainsi des pères et mères de familles, ne laisseraient pas des enfants orphelins. Elle ne comprenait pas la volonté de ceux qui désiraient plus que tout faire parler les lames.
Deux trois badauds l’arrêtèrent en souriant, lui proposant des collations et des rubans. Avec une douceur spontanée, elle leur fit comprendre qu’elle ne désirait rien. Le palais des hastrateurs était à présent devant elle, devait elle y entrer ? Ethanielle n’en savait rien. Elle promena son regard autour d’elle puis tressaillit, ses yeux s’ouvrirent en grand d’horreur le temps d’une seconde, avant qu’elle ne réussit à se reprendre.
Une jeune femme se cachait dans l’ombre, la fixant de ses deux grands yeux mauves.
Qui… Qui êtes vous ?
Son interlocutrice était belle, il fallait le reconnaître, mais ce n’était pas cela qui apeurait la Lady de Nithaiah. Non…c’était la rose noire qu’elle avait posée dans ses cheveux. La même rose noire qui venait de douloureux souvenirs... La rose noire qui hantée ses nuits, ce symbole de mort connu de tous les elfes... Cette même rose qui la plongea dans le passé, du temps où elle vivait encore à Nithaiah, du temps ou il vivait encore ... Ses souvenirs affluèrent aussi précis que si cela s'était passé la veille, mais cela faisait déjà des années, des années qu'elle portait cette souffrance, cette peine, mais surtout cette culpabilité.
La mort du seigneur Haziel.
Son père l'avait ce jour là faite convoquer, ainsi que ses deux suivantes Falia et Kyara, dans la salle du trône. Cela l'avait tout de suite intriguée ... jamais son père n'avait fait de demande aussi urgente, ce qui cette fois était apparemment le cas au vu les mots qu'il avait employé auprès du pauvre messager, qui par la suite était venu les chercher au pas de course.
C'était donc immédiatement que les trois jeunes femmes avaient stoppé leur enseignement aux runes antique, à la plus grande joie de Falia qui en avait une sainte horreur, pour se rendre auprès du seigneur Haziel.
La deuxième chose qui avait accentué l'impression de malaise d'Ethanielle était l'absence du sir Ochin à la porte de la salle du trône ... ce n'était pas dans son habitude de laisser le roi seul et encore moins dans la salle du trône. Mais elle n'avait guère prêté attention à l'époque, trop jeune et trop optimiste pour imaginer ce qui se tramait. C'est en entrant qu'elle prit conscience que ses sens l'avaient alerté du danger depuis le début.
La vision qui s'offrait aux trois filles les pétrifiées sur place ...
Une silhouette était penchée sur le roi et lui plantait quelque chose au niveau du cœur. Le temps qu'elles reprennent leurs esprits et dégainent leurs armes qu'elles gardées toujours à portée de main, conseil de leur maitre d'arme sir Ochin, il était trop tard ELLE avait disparut ne laissant que le roi mort, avec la nouvelle importante qu'il avait à dire aux trois jeunes femmes, et une rose noire unique indice.
Cette partie sombre de son passé la jeune elfe ne pouvait s'empêcher de se le reprocher, elle n'avait pas écouté son instinct ... Mais c'est aussi ce jour là qu'elle perdit une partie de son pacifisme et décida qu'elle ne pourrait mourir avant d'avoir trouvé cette silhouette. Mais avant de l'exécuter elle lui poserait la seule question qui la hantait depuis ce jour là : Pourquoi avoir tué le roi ?
Elle s'efforça de chasser ce jour funeste de sa mémoire, mais quand elle releva à nouveau les yeux vers son interlocutrice, cette dernière avait déjà disparut sans un mot. Cette rencontre loin de l'enchanter venait de faire ressurgir une peur profonde ... Elle renonça à se présenter officiellement et rentra à Nithaiah.
C'est non sans soulagement qu'elle fut accueillit là bas par des rires d'enfant... Sélène venait apparemment de faire parler d'elle, et courait dans les jardins, 'poursuivit', sans grande conviction, par les deux suivantes de la jeune lady. Ethanielle posa un regard remplit de tendresse et de douceur sur sa sœur cadette. Plus les années passaient plus la petite grandissait, et on ne pouvait pas dire qu'elle avait à envier la beauté de ses sœurs. En effet elle avait hérité des longs cheveux noirs du seigneur Haziel, ainsi que de ses yeux émeraude, caractéristiques chez toutes les héritières de ce dernier, sauf qu’ils étaient pailletés de mauve, chose assez bizarre. De plus elle remarquait qu’avec le temps que ses cheveux commençaient à virer à la couleur lune, pour le moment c’était discret mais ça avait attiré l’attention de l’ainée. Ethanielle voyait ainsi sa cadette heureuse de vivre et ce malgré que la vie n'avait pas était très clémente avec elle depuis sa naissance ... elle n'avait pu connaitre son père, étant née six mois après ce tragique meurtre, mais comme si cela ne suffisait pas leur mère l'avait rejeté à peine sortie de son ventre, allant même jusqu'à refuser de prendre la petite dans ses bras, prétextant qu'elle lui rappelait trop son défunt mari. Mais quand à peine sept mois après la mort du roi, et donc un mois après la naissance de la petite, elle avait officiellement annoncé ses épousailles avec le seigneur Hakalé, régent des terres d'Hiseria, les ainées de la petite avaient immédiatement fait le rapprochement entre ce rejet et cet événement. Dès lors Ethanielle avait juré que jamais sa mère ne mettrait la main sur les terres de Nithaiah, promesse qu'elle pu tenir vu qu'elle devenait l'héritière des terres, comme l'exigeait le roi dans son testament... Elle avait ainsi pu refusait la régence de sa mère sur le royaume, préférant nommer Elémiah à ce poste.
Le peuple avait accueillit cette nouvelle par de joyeuses festivités, ne pardonnant pas à leur ancienne souveraine ce deuil si rapide.
Sujet: .:Journal d'un(e) mort(e):. 
Jeu 4 Déc 2008 - 12:11