La Horde D'Or

La nuit était tombée de puis peu.

Progressivement, à la faveur de cette nouvelle intimité, la faune et la flore de la forêt sans feuille de Nelt s’éveillèrent doucement, comme engourdies par la journée passée.

Bientôt, une symphonie de cris et de croassements en tous genres raisonnèrent au travers des sous bois.

Perdu dans ses pensées, Khubilaï contemplait fixement le crépitement du feu de camp.

Selon la légende, la forêt de Nelt avait été plantée à l’envers, racines vers le ciel, par Khiva le dieu de la fertilité un jour ou ce dernier avait légèrement abusé d’alcool de lait de yak.

L’orque releva la tête en direction de son compagnon de veillée, un ogre massif.
Oghul « un œil » dévorait goulûment une cuisse de pigeon musqué.

Dans trois jours, Oghul, nous serons reçus par les Maîtres du Phénix ! Le destin de notre peuple s’écrira derrière les murs de cette guilde !

Khubilaï se rappelait les paroles de son Seigneur Genghis Crâan souverain de la Horde D’Or. Il ne faillirait pas à sa mission diplomatique. Sa vie en dépendait.

Du haut des remparts bordant les cotes resplendissantes de l'île d'Erness les soldats du croissant, affilliés à la garde de la cité pour l'heure, avait repéré l'avancé d'un navire de modeste envergure qui fesait visiblement route vers le port de l'ile fesant face au continent.

Prévennez la garde au sol ! Navire en aproche, l'étendard n'est pas visible, mais il ne s'agit pas du pavillon noir.

Un capitaine saisit la longue vue pour s'assurer des informations.

Effectivement, mais ne baissons pas trop vite les armes, on ne sait jamais...

Très bien mon capitaine, je fait prévenir l'intendant de la cité de cette visite sur le champs.

L’île avait été d’abord un petit point à l’horizon. Puis au fur et à mesure, Khubilaï put y distinguer le relief et les magnifiques remparts qui protégeaient l’île des Maîtres Phénix.

Le vent cinglait son visage verdâtre.
Accoudé au bastingage, le messager de la Horde D’Or réussissait l’espace d’un instant à apprécier la beauté de cette nature, ses yeux contemplant les mouettes huppées qui voletaient autour du navire dans un vacarme de piaillements excités.

Le bruyant vomissement d’Oghul, tira l’orque de sa rêverie.

A priori, l’ogre borgne n’avait pas le pied marin. Khubilaï esquissa un sourire amusé.

Ne t’inquiète pas Oghul, nous sommes bientôt arrivé. Ton calvaire touche à sa fin, mais notre mission commence.

Dans une heure, ils accosteraient sur l’île d’Erness.

D’un geste leste et agile, Khubilaï traversa d’une traite la passerelle de débarquement et mis pieds sur le quai.
L’ogre borgne qui le suivait eu lui plus de mal, la planche de bois se plaignant dangereusement sous son poids.

Le messager de la Horde d’Or leva la tête. Plus loin, il apercevait les remparts. Il lui semblait qu’on l’observait avec attention. La garde les avait laissés entré dans le port à son grand soulagement.

L’équipage s’afférait à l’immobilisation du navire. Il faudrait bientôt se rendre à la capitainerie.

L’orque s’assit sur un monticule de cordages enroulés.

Oghul ! Décharge nos paquetages !

L’ogre se mit à grogner en signe de désapprobation. L’idée de retraverser la passerelle ne l’enchantait guère. Il fit demi tour en haussant les épaules.

Khubilaï sortit son briquet à amadou et s’alluma une feuille de radoine roulée.
La lourde fumée acre-douce propre aux épicéaceas, emplit ses poumons. Il la recracha en épaisses volutes orangées.